Les critiques de la chaîne de contrôle refont surface alors que Kingfisher et Forests of the World soutiennent une motion pour améliorer le système de traçabilité des volumes.
Alors que des membres du FSC, notamment la chaîne de bricolage Kingfisher et l’ONG Forests of the World, ont proposé une motion pour établir un système de traçabilité des volumes, plusieurs participants de l’assemblée générale ont exprimé des critiques contre le standard Chaîne de contrôle.
« Malgré les discussions, le FSC avance à un rythme qui continue d’exposer le label FSC aux déclarations abusives », affirme Phil Guillery, directeur exécutif de World Forest ID et ancien directeur de l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement chez FSC.
« Malgré les discussions, le FSC avance à un rythme qui continue d’exposer le label FSC aux déclarations abusives », affirme Phil Guillery, directeur exécutif de World Forest ID et ancien directeur de l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement chez FSC.
Déclaration de Richard Donovan, consultant indépendant et un des membres fondateurs du FSC :
« C’est un élément vraiment fondamental du FSC. J’ai globalement le sentiment que les progrès du FSC sur le sujet ne sont pas à la hauteur de mes attentes. En particulier un système qui contient de nombreuses certifications de chaîne de contrôle vides. Des entreprises déclarent soutenir le FSC ou fournir des produits certifiés FSC alors qu’en réalité ce n’est pas le cas. Soit, cela ne devrait pas être autorisé, soit des contrôles supplémentaires devraient être mis en place ».
Déclaration de Peter Feilberg, directeur exécutif de Preferred by Nature :
« Le FSC a pris des initiatives, mais aucune n’a pu résoudre le principal problème. La Chaîne de contrôle FSC ne dispose pas d’un système de rapprochement des volumes entre le vendeur et l’acheteur. Les auditeurs ne sont donc pas en mesure de vérifier que le volume inscrit comme acheté est identique à celui qui est présenté à l’auditeur du fournisseur ».
Selon Phil Guillery : « le standard Chaîne de contrôle étant devenu le plus utilisé de tous les standards FSC, le FSC devrait s’attacher à résoudre plus rapidement les problèmes liés au rapprochement des volumes ».
Au cours de l’année précédente, le FSC a bloqué 88 entreprises pour des raisons d’activités frauduleuse et dissocié deux groupes de sociétés.
« Comparé aux 50 000 certificats délivrés, c’est un tout petit nombre », affirme Phil Guillery. Il pense que le pourcentage d’abus de la Chaîne contrôle FSC est bien plus élevé que ce chiffre. Cette critique du standard Chaîne de contrôle s’est exprimée à plusieurs reprises au fil des ans, notamment de la part de l’ancien directeur exécutif du FSC (2008-2012), André de Freitas, qui l’a qualifié de « mythe » pendant l’assemblée générale de 2014.
Quelle pourrait être la solution ?
Le FSC a récemment mis en place une stratégie à l’échelle mondiale privilégiant l’usage des nouvelles technologies. Avec l’introduction de la blockchain, un système de chaîne de contrôle numérique et de tests isotopes, l’écolabel espère renforcer son intégrité.
L’organisation World Forest ID de Phil Guillery est déjà partie prenante des initiatives du FSC puisqu’elle a constitué une vaste bibliothèque d’échantillons d’isotopes.
« Cette bibliothèque permettra de vérifier l’origine du bois contenu dans le produit », explique Phil Guillery.
Plusieurs participants ont signalé l’entrée en vigueur de nouveaux règlements, notamment le règlement européen contre la déforestation, qui vont accentuer la pression sur les entreprises puisqu’elles devront fournir la preuve que certains biens importés sur le marché européen ne sont pas issus de terres déboisées.
« Nous travaillons avec différents systèmes de certification dans les secteurs forestier et agricole. D’autres programmes ont résolu ce problème en mettant en place un système de traçage des volumes en ligne. Il garantit que le volume vendu par une entreprise correspond au volume acheté », a précisé Peter Feilberg.
« Le temps est venu pour la direction du FSC de mettre tout en œuvre pour y parvenir. Quelque chose de finalement assez simple – un système de vérification déjà utilisé dans de nombreux autres secteurs – a fait l’objet de près de dix ans d’atermoiements et de projets inaboutis. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer une autre décennie. Il ne restera plus un seul arbre à certifier », a déploré Peter Feilberg.
Il a pris comme exemple de système fonctionnel le Sustainable Biomass Program (SBP), qui utilise depuis son lancement un système de vérification des transactions.
La critique n’a pas surpris Kim Carstensen, directeur général du FSC depuis 2012.
« Nous sommes bien sûr conscients que la Chaîne de contrôle n’est pas parfaite et nous y travaillons depuis de nombreuses années. Les 88 entreprises que nous avons décidé de bloquer l’année dernière en raison d’activités frauduleuses ne reflètent pas correctement la réalité – nous soupçonnons que le nombre de fausses déclarations est bien plus élevé », a-t-il déclaré.
Selon le directeur général, la blockchain et les tests isotopes seront essentiels au renforcement du système de Chaîne de contrôle.
Comment allez-vous convaincre les sceptiques que cette fois-ci sera la bonne?
« Nous ne disposions pas de cette technologie auparavant. Aujourd’hui, de nombreuses autres ressources sont également disponibles. Je suis convaincu que nous allons prochainement réaliser une avancée décisive, peut-être bien dès 2023 », a affirmé Kim Carstensen.